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📖 Lecture expliquée – Luc 24, 13-35
Les disciples d’Emmaüs
v.13 – « Et voici que, ce même jour, deux d’entre eux faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem »
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« Ce même jour » : c’est le jour de la Résurrection, au matin. Le contexte est encore celui du bouleversement après la crucifixion.
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« Deux d’entre eux » : ce ne sont pas des apôtres, mais des disciples. L’un est nommé Cléophas (v.18), l’autre reste anonyme.
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« Emmaüs » : village dont l’emplacement exact est incertain. Le nom signifie « source chaude ». L’éloignement symbolise la fuite ou l’éloignement du cœur de la foi (Jérusalem = centre de la révélation).
v.14 – « Ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. »
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Dialogue empreint de confusion, de tristesse, de recherche de sens.
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En eux se joue la crise de foi : la mort de Jésus semble avoir détruit leur espérance messianique.
v.15 – « Or, tandis qu’ils s’entretenaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. »
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Jésus rejoint leur chemin, mais discrètement. Il entre dans leur démarche de recherche, comme un compagnon.
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Cette approche est pédagogique : Dieu marche à notre rythme.
v.16 – « Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. »
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Littéralement, « leurs yeux étaient retenus » : ce n’est pas un simple aveuglement physique.
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C’est une cécité spirituelle : ils ne peuvent reconnaître le Ressuscité car ils ne comprennent pas encore les Écritures ni le sens de la Passion.
v.17 – « Il leur dit : ‘Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ?’ Alors ils s’arrêtèrent, tout tristes. »
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Jésus questionne : il les laisse exprimer leur peine, comme Dieu dans l’Ancien Testament interroge Adam : “Où es-tu ?” (Gn 3,9).
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La tristesse est profonde : ils ont perdu l’espérance, ils sont paralysés.
v.18 – « L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : ‘Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci.’ »
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Ironie tragique : ils parlent à Jésus comme à un étranger, alors qu’il est le cœur même de ces événements.
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Le mot « étranger » (paroikein) évoque aussi l’exil, l’incompréhension du mystère de Dieu.
v.19-24 – Ils racontent les faits, leur déception :
“Nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël…”
— Le verbe « espérer » est au passé : l’espérance est brisée.
— Ils mentionnent les femmes, le tombeau vide, mais ne croient pas encore. Ils ont des faits mais pas encore la foi.
v.25 – « Alors il leur dit : ‘Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !’ »
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Jésus les corrige avec fermeté bienveillante.
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Leur difficulté n’est pas l’absence de preuve, mais le manque de foi dans les Écritures.
v.26 – « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
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Jésus enseigne que la souffrance fait partie du plan de salut, non un échec.
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Le « il fallait » renvoie à la nécessité divine (cf. Is 53 – le Serviteur souffrant).
v.27 – « Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta dans toute l’Écriture ce qui le concernait. »
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Il fait une relecture pascale de l’Ancien Testament.
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« Interpréter » (grec : diermēneuō) : c’est le travail de l’Église dans sa liturgie et sa catéchèse.
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C’est le cœur du rôle du Christ : donner sens.
v.28-29 – Ils approchent du village et l’invitent à rester
“Reste avec nous, car le soir approche…”
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L’hospitalité devient porte ouverte à la révélation.
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Ce moment rappelle les récits d’Abraham recevant des visiteurs à Mambré (Gn 18).
v.30-31 – « Il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. »
Les quatre verbes (prendre, bénir, rompre, donner) sont ceux de la Cène (Luc 22,19) : c’est l’Eucharistie.
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Leur reconnaissance passe par le geste, non la vue.
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Le Christ est désormais présent différemment, sacramentellement.
v.32 – « Ils se dirent l’un à l’autre : ‘Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ?’ »
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C’est l’effet de la Parole : le feu intérieur.
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Le feu évoque la présence de Dieu (Exode 3, le buisson ardent).
v.33-35 – « Ils partirent sans tarder pour Jérusalem… »
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Conversion immédiate : ils retrouvent la communauté, deviennent témoins.
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La foi pascale conduit à la communion ecclésiale et à l’annonce missionnaire.
Fiche d’étude biblique – Luc 24, 13-35
Le chemin d’Emmaüs : de la déception à la reconnaissance du Christ ressuscité
📖 1. Lecture du texte
Luc 24, 13-35 : Deux disciples quittent Jérusalem après la mort de Jésus. Sur le chemin, un inconnu s’approche. Ils ne reconnaissent pas Jésus ressuscité. Ils lui partagent leur tristesse et leur incompréhension. Jésus leur explique les Écritures. À l’auberge, lorsqu’il rompt le pain, leurs yeux s’ouvrent. Ils retournent à Jérusalem témoigner.
🗺️ 2. Contexte du récit
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Dernier chapitre de l’Évangile selon saint Luc.
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Thèmes majeurs : cheminement de foi, interprétation des Écritures, Eucharistie, mission.
🔎 Pour approfondir :
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Daniel Marguerat, Résurrection, mode d’emploi (Labor et Fides) : pour une lecture narrative et théologique.
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François Bovon, Évangile selon Luc (Commentaire du Nouveau Testament, Labor et Fides) : référence académique de haut niveau.
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Xavier Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Luc (Seuil) : analyse spirituelle et exégétique accessible.
📚 3. Structure du passage
Section | Versets | Contenu |
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1. La marche dans le doute | v.13-16 | Deux disciples quittent Jérusalem, tristes, Jésus s’approche. |
2. L’échange et le récit des faits | v.17-24 | Ils racontent la Passion avec déception, “nous espérions…” |
3. L’enseignement de Jésus | v.25-27 | Jésus explique les Écritures : le Christ devait souffrir. |
4. L’hospitalité et la révélation | v.28-31 | Ils l’invitent. Il rompt le pain. Leurs yeux s’ouvrent. |
5. Le retour et le témoignage | v.32-35 | Ils repartent joyeux vers Jérusalem, témoins du Ressuscité. |
🔍 4. Analyse spirituelle et théologique
🧍♂️ A. La fuite hors de Jérusalem
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Jérusalem, lieu du salut, est quitté. Ils tournent le dos à la foi.
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Jésus s’adapte à leur rythme, comme un pèlerin silencieux.
🟨 Référence :
Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Jésus de Nazareth – Tome II (chapitre sur la Résurrection) : pour comprendre la pédagogie du Ressuscité.
📖 B. L’explication des Écritures
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Jésus interprète la Loi, les Prophètes et les Psaumes : un acte fondamental pour la foi chrétienne.
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Ce moment préfigure la liturgie de la Parole.
🟨 Référence :
André Wénin, La Bible racontée aux jeunes et à leurs parents (Lumen Vitae) : belle approche narrative et pédagogique.
🍞 C. La reconnaissance dans le pain rompu
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Ils reconnaissent non par la vue, mais par un geste.
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Thème central de l’Eucharistie : Jésus présent dans le pain rompu.
🟨 Références :
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Henri de Lubac, Corpus Mysticum (Cerf) : sur le lien entre Eucharistie et Église.
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Jean Daniélou, Les signes évangéliques (Seuil) : symbolisme sacramentel dans les Évangiles.
🔥 D. Le cœur brûlant : la parole vivante
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L’écoute des Écritures fait naître la foi.
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Le feu intérieur est l’effet du Verbe vivant.
🟨 Référence :
Origène, Homélies sur Luc (Sources Chrétiennes) : lecture patristique du récit.
🙏 5. Pour la prière personnelle
“Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ?” (v.32)
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Où suis-je sur le chemin ? En marche, arrêté, ou retourné vers Jérusalem ?
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La Parole me parle-t-elle encore aujourd’hui ? Est-ce que je reconnais le Christ dans le pain partagé, les frères, la liturgie ?
🟨 À méditer avec :
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Saint Augustin, Confessions, Livre VII (expérience de conversion et illumination par l’Écriture).
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Charles de Foucauld, Méditations sur les Évangiles : simplicité radicale de l’hospitalité et de la reconnaissance.
🧭 6. Pistes concrètes
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Lire le texte à voix haute et écouter ce qui “brûle”.
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Noter ses “Emmaüs personnels” : lieux de fuite ou de rencontre avec Dieu.
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Vivre consciemment la messe dominicale : liturgie de la Parole et de l’Eucharistie sont inscrites dans ce récit.
🔗 7. Liens bibliques
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Jean 20 : reconnaissance tardive de Marie-Madeleine.
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Jean 21 : Jésus au bord du lac, autre repas de révélation.
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Luc 22 : la Cène, avec mêmes gestes que le pain rompu à Emmaüs.
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Actes 8 : Philippe explique l’Écriture à l’eunuque – pédagogie similaire
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